Projection d'Ensayo Flamenco et La Paquera de Jerez au Japon 

Fiche technique
Réalisation et direction : Yvan Schreck
Production: Kidam

Artistes: Mercedes Ruiz, Andres Marin, Rosario Guerrero Hernández "La Tremendita", Fani Fuster

Fiche technique
Durée : 52mn
Contexte: Tournée à Tokyo en Décembre 2001
Direction: Fernando González Caballos, Yvan Schreck
Son: Oscar Clemente, Jorge Marin
Production: Oscar Clemente, Jorge Marin

Artistes: Francisca Méndez Garrido "La Paquera de Jerez", Manuel Fernández Molina "Parrilla de Jerez", José Méndez Garrido "Pepe", Anselmo de Jerez, Carlos Carbonell


Photos reproduites avec l’autorisation d’Yvan Schreck

Ensayo Flamenco
et La Paquera de Jerez au Japon
Un autre regard sur le flamenco

A Flamenco en France, samedi 4 avril, étaient projetés "Ensayo Flamenco" d'Yvan Schreck suivi du documentaire "La Paquera de Jerez au Japon" de Fernando Gonzalez Caballos et Yvan Schreck.

Yvan Schreck a vécu 7 ans en Espagne, travaillant dans la création audiovisuelle. Son expérience la plus forte a été sa collaboration au film "Poligono Sur" de Dominique Abel. Pour la chaîne Arte, il réalisera des documentaires, et notamment Grand'Art, la collection consacrée à l'histoire de l'art d’Hector Obalk. Un projet de long métrage sur le musicien contemporain espagnol Llorenç Barber le mobilise actuellement.

ENSAYO FLAMENCO

Ensayo Flamenco est une collection de films courts (5 à 10 min) réalisée par Yvan Schreck et produite par Kidam. Elle propose un regard inédit sur les grands artistes du Flamenco contemporain. Quatre essais d’artistes ont été dévoilés : le danseur Andrès Marin, les danseuses Mercedes Ruiz et Fani Fuster, la chanteuse La Tremendita.

La grande originalité de ces courts métrages est d’aborder ces artistes, non pas sur scène ou dans leur vie privée, mais au cours du processus de création de l’œuvre, pendant les séances de répétition. C’est un autre regard très humain, qu'Yvan Schreck nous permet de projeter sur ces artistes. La caméra nous fait partager les moments de doute, de tension intérieure, de concentration extrême où tous les esprits, celui de l’artiste mais aussi ceux des musiciens qui l’entourent, convergent afin d’aboutir au geste recherché, au juste placement du chant et de la guitare, à l’harmonie.

La répétition ce moment essentiel pour le danseur mais aussi pour les musiciens qui l’accompagnent, particulièrement pour une danse comme le Flamenco où le rythme est essentiel. La mélodie renforce le rythme. La répétition va permettre au danseur de synchroniser un geste à l’autre, les pas aux autres. Au-delà, la musique et le chant donneront l’ampleur aux gestes. Les mouvements vont être rythmés et exister. C’est au cours de la répétition que se forge aussi l’esprit de l’œuvre basé sur la confiance qui s’instaure entre les artistes. Ce sont ces moments qu’Yvan Schreck a su capter et nous transmettre. Sa caméra est discrète, seuls les artistes existent et comptent. Ils créent devant nous, dans une atmosphère de clair-obscur, propre à l’introspection.

Cette collection a pour objectif premier de renouveler l’image du Flamenco de façon simple et efficace. Ecoutons le cinéaste présenter son œuvre. "Loin des clichés et du folklorisme, elle veut par les moyens du cinéma rendre compte de la richesse esthétique et humaine de cette culture." Cette collection est pensée pour une première diffusion sur le net, via une plateforme dédiée, spécialement créée pour accueillir ces films. Flamenco en France nous a offert l’œuvre d’un cinéaste de talent, une œuvre précieuse pour le flamenco et la danse.

LA PAQUERA DE JEREZ AU JAPON

La deuxième partie de la soirée était consacrée à la projection du court métrage "La Paquera de Jerez au Japon" de Fernando Gonzalez Caballos et Yvan Schreck. Cette chanteuse mythique, Francisca Méndez Garrido, disparue en 2004, âgée de 70 ans est partie en tournée au Japon en décembre 2001. Fernando Gonzalez Caballos et Yvan Schreck, la caméra sur l’épaule, la suivent dans une aventure inouïe.

Deux univers s’entremêlent pendant les instants de cette tournée : une civilisation moderne avec sa démesure, son organisation outrancière et un monde traditionnel avec sa spontanéité et la simplicité de La Paquera.

La Paquera c’est d’abord une voix mais aussi une présence. Elle traverse ce monde débridé, parfois inhumain, comme une comète transmettant son énergie, sa force de vie, nous offrant une "copla por buleria" au fil du voyage, un fragment de son histoire, un parfum de Jerez, sa cité natale. Elle et les artistes qui l’accompagnent sont aussi conscients des enjeux avant de monter sur scène. C’est alors le moment où le fabuleux guitariste Parilla de Jerez nous livre son analyse de l’angoisse : peur, insécurité ou responsabilité ? Dans ce film le monde tourne autour de La Paquera. Sa présence, sa voix, son chant remplissent l’espace et nous fait changer de temps.

Et ce sont ces petites phrases au fil des péripéties de la tournée qui résonnent comme un chant, une letra por buleria : "Ay que fatiguitas más grandes, Dios mío de mi alma » ; Estoy seca. ¿Tú sabes lo que es seca, Yoko de mis carnes ? Traerme un puchero, de Sevilla o de Jereh!".

La caméra capte l’effervescence de la tournée, du monde agité qui entoure ce roc du cante qu’est La Paquera. C’est un très beau témoignage que ces cinéastes nous livrent restituant toute l’émotion qui entoure cette femme. Une vision humaine de l’"Artiste".

Ce sont toujours de très bons moments de Flamenco que nous offre la peña Flamenco en France, ce lieu très convivial de rencontre et d’échange autour du Flamenco.


Sevillanes.net - Philippe Dedryver - 13/04/2009