Rafael Amargo - "Tiempo Muerto"

Le 10 Août au soir il faisait aussi chaud qu'au fond d'une mine en extraction. La pluie de l'après-midi, loin de rafraîchir l'atmosphère l'avait rendue encore plus étouffante. C'est Rafael Amargo qui avait pour mission de conclure cette torride soirée avec l'unique spectacle de danse du festival, "Tiempo Muerto", une création se voulant être un retour aux sources pour le danseur de Grenade qui s'était un temps éloigné du flamenco et rendait aussi hommage avec ce spectacle à Lola Flores.

Il y en avait du monde sur la scène de la Catedral Del Cante ce soir-là : dix-huit artistes au total. Parmi eux six danseuses, deux chanteurs, et beaucoup de musiciens (piano, violon, violoncelle, guitare, percussions...). Un spectacle qui commence dans une ambiance sombre très "semana santa" sur un rythme de procession, les danseuses au visage à demi caché par les capuches de leur cape noire. L'arrivée de Rafael Amargo qui prend des postures de Christ, les bras ouverts en croix, ne fait que renforcer la noirceur du tableau. Les scènes suivantes sont plus colorées : on retiendra le solo de la première danseuse en robe noire et manton immaculé, le passage de castagnettes de Maria "La Coneja", cantaora gitane de Grenade à l'art très touchant qui a longtemps travaillé à Madrid et au Mexique, et aussi la zambra "Niña de fuego" en hommage à Lola Flores, au cours de laquelle les danseuses étaient vêtues de splendides batas de colas de couleur blanche. Le protagoniste principal Rafael Amargo sera finalement peu présent sur scène, laissant la place à deux de ses danseuses qui orchestreront un sensationnel passage por bulerias avant de finalement revenir au premier plan pour une alegria déchaînée avec le cante de Gabriel de La Tomasa.

Au final un spectacle un peu brouillon dont on ne comprend pas très bien le sens, mais qui a offert un très beau plateau d'artistes.