Argentina avait très peu parlé durant les heures qui précédaient son récital afin de préserver sa voix. Bien qu'elle n'accorde jamais d'interview le jour-même des récitals, la chanteuse avait exceptionnellement participé à la conférence de presse du Festival le matin même. Elle confia qu'elle avait commencé le flamenco par le baile à l'âge de trois ans et demie mais qu'elle s'était rendu compte vers l'âge de douze ans qu'elle appréciait plus le chant. Après avoir commencé à chanter les fandangos de sa terre, Argentina, de son vrai nom "Argentina Maria Lopez Tristancho", participa à plusieurs concours à Huelva où elle a appris les bases du flamenco avant de compléter sa formation à la Fondation Cristina Heeren avec José de La Tomasa. Ravie de partager l'affiche avec Cañizares et d'être à Mont-de-Marsan, Argentina annonça qu'elle préparait un second disque.

C'est dans une somptueuse robe rouge agrémentée d'un collier sautoir que la plantureuse chanteuse fit son apparition sur la scène du Café Cantante. Les cheveux préalablement bouclés au fer à friser avant la représentation, la jeune femme était complètement métamorphosée. Elle interpréta pour commencer une série de tangos. L'auteur des deux premières letras, David Lagos, était d'ailleurs dans la salle pour l'encourager. Argentina passa en revue un large répertoire de cantes pour son jeune âge (25 ans), avec l'accompagnement efficace des guitares de Bolita et Eugenio Iglesias. Tangos, Verdiales, solea, cartagenera, siguiriya, cantiñas, bulerias, fandangos de Huelva et Alosno furent interprétés avec une voix puissante, mais peut-être un peu trop justement sur les palos jondos qui requièrent plus de retenue.

En résumé un joli récital par une chanteuse au très beau timbre qui n'est pas sans rappeler celui de Carmen Linares, mais qui devrait moins privilégier la technique pour laisser plus la place à l'émotion.

(voir extrait vidéo dans la rétrospective du festival en bas à gauche du reportage)