"Autorretrato" a été présenté pour la première fois en Octobre 2008 à la Biennale de Séville où il a reçu le Giraldillo du meilleur spectacle, puis au Festival de Jerez en Mars 2009, et enfin à Madrid, où les représentations ont dû être interrompues en raison d'une blessure à la jambe de la danseuse. C'est le danseur étoile Mikhail Baryshnikov, également ami de Maria Pagés, qui lui a donné l'idée de réaliser ce spectacle plus personnel que les précédents. La création est divisée en quatre parties distinctes qui représentent quatre lieux où la danseuse aime se retrouver. Il y a tout d'abord le studio de danse, là elle passe le plus de temps, avec sa compagnie. On trouve ensuite la poésie, son foyer, qui est son espace intérieur, puis les coulisses, qui représentent la compagnie, sa famille de coeur, et enfin la scène, là où elle s'exprime.

Le premier tableau met en scène Maria Pagés face à un miroir. Comme dans la majorité des créations de la danseuse, on note une alternance de solos de Maria Pagés et de chorégraphies en groupe éxécutées par les excellents danseurs et danseuses de la compagnie dont le niveau technique est très élevé. Après une très belle farruca des hommes du corps de ballet au cours de laquelle le violon de David Moñiz est du plus bel effet, Maria revient pour un duo humoristique avec son miroir avec lequel elle joue à cache-cache. L'impact de la scène suivante qui était un des clous du spectacle a malheureusement été réduit en raison de l'absence d'éléments de décor (des cadres suspendus) qu'il n'était semble-t-il pas possible de mettre en place à l'Espace François Mitterrand, dommage. Parmi les moments marquants du spectacle on retiendra celui où Maria Pagés danse sans musique sur un poème de l'écrivain portugais José Saramago récité en version originale, mais aussi les chants por debla et alegria d'Ana Ramon, le baile d'Emilio Herrera et de José Barrios, et surtout le sublime tientos por tangos dansé par Maria Pagés.

Cette création, moins spectaculaire que Volver a Sevilla, a aussi reçu le prix de la critique en Mars 2009. Réalisée également pour la compagnie, elle donne un reflet fidèle de ce qu'elle est, une formation soudée et généreuse offrant sur scène un art complet et une vraie communion avec le public.