A Jerez hier c'était l'alerte jaune en raison du vent violent qui soufflait sur la ville... Un temps idéal pour accueillir la nouvelle création de Maria José Franco "Al Compas del viento" (au rythme du vent). Déjà présente au Festival de Jerez l'an dernier à la Sala Compañia et plus récemment à Nîmes avec son précédent spectacle "Bailando para mi", la danseuse gaditane revient sur le devant de la scène après avoir donné naissance à son premier enfant il y a trois mois. C'était la première fois qu'elle dansait sur la scène du grand Théâtre Villamarta.

Un peu dans le même esprit que "Cadiz de la frontera" l'an dernier, "Al compas del viento" réunit sur scène deux villes voisines au flamenco pourtant très différent. Maria José Franco cherche avec ce spectacle à diluer les frontières à travers les palos les plus caractéristiques de chaque enclave géographique. La création s'articule comme une marée, sous forme de va et vient entre Cadiz et Jerez. On retrouve ainsi Maria José Franco à Jerez, dansant une solea por buleria accompagnée seulement par le chant de Luis Moneo et El Pulga, et les palmas de Diego Montoya et Carlos Merino. L'action se déplace ensuite à Cadiz, les percussions de Carlos Merino imitant à la perfection le son des vagues, tandis que trois danseuses pieds nus et en robe de plage se balancent nonchalamment por guajira puis tanguillos. Maria José Franco qui affirmait avant tout vouloir danser seule il y a quelques années a pour une fois ouvert son spectacle à d'autres bailaoras, mais leur place se réduit à la portion congrue car elle n'auront pas l'occasion de montrer autre chose. On reste à Cadiz avec des tientos/tangos interprétés par Carmen Grilo, qui ne dose pas suffisamment son cante pour susciter l'émotion. Comme à Nîmes, un duo énergique se crée entre la chanteuse de Jerez et Maria José Franco. Puis c'est le retour à Jerez, por solea, puis trilla et martinete. Le spectacle se termine à Cadiz, par un hommage au cantaor emblématique de la bahia disparu l'an dernier, Chano Lobato.

Malgré un concept intéressant, la bonne musique de Juan Manuel Moneo et Pedro Pimentel, de beaux costumes, des éclairages soignés, un soupçon de mise en scène dont l'auteur est Paco Alfonsin, le bon cante de Luis Moneo et la qualité du baile de Maria José Franco, "Al compas del viento" ne séduit pas vraiment.

Murielle Timsit