La veille du spectacle la jerezana Carmen Herrera confiait que deux bailes c'était bien peu pour montrer ce qu'elle savait faire. Et le fait est que sa demi-heure de représentation lui a juste laissé le temps de se mettre en route. Très bien accompagnée par trois excellents chanteurs (José Carpio "Mijita", Miguel Lavi et Londro) et le guitariste Santiago Lara, la bailaora de Jerez a débuté son spectacle por siguiriya, mais sans grande conviction. C'est pourquoi son baile por solea por buleria fut particulièrement surprenant. Complètement libérée, la bailaora a exprimé toute sa flamencura sur ce baile et plus encore sur la fin por buleria. Le baile de Carmen Herrera se caractérise pas un braceo élégant et surtout des mains magnifiques qu'elle n'oublie jamais de faire travailler. On sent l'influence de Mercedes Ruiz qui a collaboré à ce spectacle.

En première partie, la jeune Maria Canea de Huelva, finaliste au Festival de La Union, a dansé por taranto comme dans le concours. Son baile un peu saccadé manquait de rondeur, ses gestes parfois très automatisés faisant penser à un robot. Sur la solea Maria Canea occupait peu l'espace scénique, demeurant parfois dans un coin de la scène durant de longs instants. A l'inverse de La Truco la veille, la danseuse était particulièrement bien accompagnée, par la guitare d'Eugenio Iglesias et le cante de Pepe de Pura et de Vicente Gelo qui remplaçait Jeromo Segura et offrit un beau passage de cantes abandolaos servant de transition avant le deuxième baile. Maria Canea est une artiste encore un peu verte qui était sans doute tendue de danser pour la première fois au Festival de Jerez.

Murielle Timsit