A une heure plus taurine que flamenca, la rencontre avec le maestro de la guitare José Luis Balao qui a formé la plupart des guitaristes de Jerez de premier niveau d'aujourd'hui fut particulièrement émouvante. On oublie souvent les maestros, ceux qui ne sont pas ou plus sur le devant de la scène, et cette session de "Vivencias" visait à "rendre justice à la personne qui a contribué à ce que Jerez soit cette ville artistique si riche", selon les paroles de José Maria Castaño qui ajouta que Paco de Lucia lui même lui vouait une grande admiration et l'avait surnommé "le scientifique de la guitare".

José Luis Balao, né en 1938 a commencé la guitare flamenca il y a 60 ans et même s'il ne joue plus à cause d'un problème au pouce, il continue à enseigner. Sa première rencontre avec la guitare a eu lieu à l'âge de 9 ans lors de réunions avec son frère et des amis de son quartier. "La guitare est venue me chercher" raconte Balao. José Luis Balao fut le disciple de Javier Molina (l'accompagnateur de Chacon et Manuel Torre) pendant deux ans et surtout de Rafael del Águila qui a vu passer dans son école toute une génération de tocaores reconnus comme Parrilla de Jerez, Moraito, Gerardo Nuñez ou Paco Cepero. Rafael del Águila savait lire la musique et lui a enseigné un toque moderne. Ses références étaient Niño Ricardo et Sabicas.

José Luis Balao décrocha son premier contrat pour jouer lors des patios de mayo dans les casas de vecinos (maisons de voisins). C'est là qu'il a rencontré sa femme "La Ratona". Il partageait l'affiche avec Pilar Lopez ou Antonio El Bailarin. Après son service militaire en 1957 et 1959, il s'est installé à Madrid avec sa femme, et n'est revenu à Jerez qu'en 1978.

José Luis Balao est professeur, concertiste et compositeur. Il a composé ses propres alegrias et sevillanas. Ses compositions sont très actuelles, il était très en avance sur son temps et a même composé de la musique japonaise. Parmi ses disciples des guitaristes de première catégorie comme Alfredo Lagos, Javier Patino, Pedro Pimentel, Pascual de Lorca, Santiago Lara ou Antonio Higuero... qui ont tous des styles de toque différents car Balao leur a inculqué une véritable culture musicale et le sens de la créativité en les invitant à s'ouvrir à d'autres musiques. Le travail de la technique est aussi très important pour Balao, il consacre ainsi la moitié du cours à l'étude de la guitare classique. Les qualités personnelles de Balao (psychologie et patience) en font un enseignant à part. Il partageait son académie de guitare avec El Carbonero.

Aujourd'hui José Luis Balao ne peut plus jouer "professionnellement" en raison d'un problème au pouce, mais il continue à le faire virtuellement de la main de ses élèves. C'est ce que fit Francisco Leon, jeune guitariste de 16 ans originaire du Puerto de Santa Maria que José Luis Balao avait repéré à l'âge de 9 ans, qui joua une rondeña puis une buleria de sa composition. Tête levée vers le ciel à la Vicente Amigo, musique raffinée qui rappelle celle du cordobés, excellent picado... la preuve en musique de la maestria de José Luis Balao.

Site internet consacré à José Luis Balao
Murielle Timsit
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