Ode à la composante la plus ancienne du flamenco, "Quiero tu cante", la dernière création de Maria del Mar Moreno a fait voyager le public dans l'univers du cante.

Ce spectacle est né d'un constat : le cante est un moteur pour la danseuse Maria del Mar Moreno. C'est pourquoi elle s'est entourée pour l'occasion de son cantaor habituel Antonio Malena, mais aussi de Manuel de la Malena, Juana la del Pipa, La Macanita et David Lagos. Cinq magnifiques voix qui portent la danseuse dans ses bailes por siguiriya - avec des bras et mains fort jolis - , tientos/tangos, alegrias de Cordoba, ranchera/guajira... et lui permettent d'exprimer toute une palette d'émotions. La part faite au cante est immense, tout comme l'éventail des styles visités, et rien que ça vaut son pesant d'or. Car Maria del Mar Moreno a compris depuis longtemps l'importance du cante, associant à sa compagnie le cantaor Antonio Malena, et dans le spectacle, elle même chante une petenera a palo seco, se livrant au public. David Lagos qui tient dans le spectacle un rôle de voyageur interprète une vidalita et la malagueña del Mellizo, accompagné par la guitare du frère de la danseuse, Santiago Moreno. Les cantes d'ida y vuelta son mis en avant : après des bulerias al golpe, David Lagos revient por guajira, sur la guitare de José Luis Monton. La Macanita poursuit avec une cancion por buleria, et Manuel de Malena la granaina-malagueña "por buscar la flor que amaba".

Comme affirmait récemment la llave de oro du cante, le cantaor de Puente Genil Fosforito, "No se canta al baile, se baila al cante" (on ne chante pas pour la danse, on danse le chant), ce qui illustre plutôt bien la performance de Maria del Mar Moreno.

Murielle Timsit