A quarante ans passés le danseur jerezano Joaquin Grilo est un danseur d'expérience qui a acquis une belle maturité. Il l'a montré hier soir dans une création à l'atmosphère intimiste revisitée pour le Festival de Jerez, feuilletant le livre de sa première moitié de vie.

Une musique mélancolique accompagne le danseur : celle de Vicente Amigo tout d'abord, puis le piano de Dorantes qui, accompagné de violons et autres instruments à cordes (violoncelle et contrebasse) fait écho aux images en noir et blanc projetées sur l'écran en fond de scène - photos de famille du danseur, femme enceinte - qui donnent un côté très intimiste et nostalgique à la scène. Dans la scène suivante, la basse de José Carmona vibre comme des pulsations cardiagues et Joaquin Grilo attaché par des fils ressemble à un pantin déguingandé sur un rythme de solea por buleria puis tientos/tangos. Une marionette qui s'affranchira vite de sa condition, car Joaquin Grilo est un danseur hors normes qui n'a pas besoin qu'on le dirige et a créé un style unique, fait d'énergie, d'humour et de sensibilité. Sa complicité avec sa soeur Carmen est immense, notamment sur la farruca. L'alchimie familiale fonctionne car Carmen n'a jamais aussi bien chanté. Après des fandangos avec la mandoline de José Carmona - instrument insolite s'il en est - et les cantiñas de Pinini interprétées par José Valencia, le spectacle se termine par des jaleos et le fameux son de pulsation cardiaque.

Beau succès pour Joaquin Grilo qui dansait devant son public.

Murielle Timsit
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