Abel Harana et Patricia Ibañez ont conçu "Memoria Antigua" pour rendre hommage aux chants de leur terre, dont certains sont presque tombés en désuétude.

Un écran en fond de scène diffuse des images d'archives tandis qu'une voix off relate les origines de la culture d'aujourd'hui. Cette diffusion servira ensuite de transition entre chaque scène. Le spectateur est aussi plongé dans cet univers ancien à travers les costumes(magnifiques), et la musique rétro.
Tout débute par un paso a dos sur des romances du Cycle Carolingien, puis un baile por siguiriya de Patricia Ibañez, très classique. Le pianiste Pedro Ricardo Miño, artiste invité, raconte que la dernière fois qu'il a joué à Jerez c'était avec Fernando Terremoto. Il lui dédie une émouvante malagueña qu'il tente d'interpréter au piano avec autant de mélismes et de nuances que celui qui excellait dans ce cante. Abel Harana se lance ensuite dans une farruca accompagné par la musique du piano, avec une interprétation faisant parfois penser à une film muet des années trente. Après les cantiñas enlevées interprétées avec fougue par Abel Harana, c'est Patricia Ibañez, artiste complète qui privilégie autant le zapateado que le braceo qui danse por taranto de Linares.

Ce spectacle présenté en première absolue au Festival de Jerez laisse une très bonne impression. Première standing ovation à la Sala Compañia depuis le début de la quinzaine. Mention spéciale pour Vicente Gelo. Ce jeune cantaor originaire de Albaida del Aljarafe déjà présent dans plusieurs spectacles depuis le début du festival est une étoile montante du cante.

Murielle Timsit
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