Le point de départ de "Bailes alegres para personas tristes" est la relation entre la joie et la tristesse, ces sentiments extrêmes dans lesquels sont contenus tous les autres. Il y a également la volonté de Belen Maya de créer des ponts de communication entre les créateurs du flamenco d'aujourd'hui. Ce spectacle prétend être un espace de rencontre afin de lutter contre l'individualisme dans lequel s'enferment souvent les flamencos, et plus généralement l'individualisme dans la société.

Profusion de batas de colas, de duos et d'effets de miroir... Belen Maya et Olga Pericet se rapprochent et dialoguent : Belen avec son essence flamenca, et Olga avec son baile moderne et ouvert, finissant par fusionner leurs arts. Des idées originales, mises en musique par David Montero (directeur musical) et en scène par Juan Carlos Lerida : l'inversion des tientos/tangos, l'utilisation d'un éventail avec foulard intégré style ruban de GRS (gymnastique rythmique et sportive) qui donne un effet de ralenti particulièrement intéressant, et enfin l'exploit de Belen Maya qui arrive lors de la dernière scène dans une bata de cola ruisselante, faisant écho au climat extérieur. Mais la prétendue dramaturgie n'est pas très claire. Comme l'expliquait la veille David Montero, l'histoire de départ a fini peu à peu par disparaître, ou plus exactement devenir invisible et continuer d'exister de façon sous-jascente, ce qui n'est pas forcément évident à comprendre pour le spectateur lambda n'ayant pas assisté à la conférence de presse la veille du spectacle.

Au final une proposition inédite qui donne lieu à des questionnements sur la nature du flamenco, où cohabitent l'indivualisme et le collectivisme. On retiendra aussi de ce spectacle le bon cante de Juan José Amador, Miguel Ortega et Jesus Corbacho et l'éclairage soigné.

Murielle Timsit
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