"Historia de un soldado" est un spectacle insolite, dont le scénario est issu d'un conte de Stravinski et Ramuz, qui raconte l'histoire d'un soldat qui, au retour de la guerre, croise la route du diable qui lui propose un pacte : échanger son violon (son âme) pour un livre magique lui donnant tous les pouvoirs.

Le danseur Fernando Romero a adapté l'oeuvre en s'entourant d'excellents artistes : Manolo Marin qui joue le rôle du diable, et Juan José Amador et Miguel Ortega qui dans le rôle des narrateurs réalisent l'exploit d'être à la fois chanteurs, guitaristes et interprètes. La première partie du spectacle qui comprend des images de guerre et la rencontre avec le diable est une véritable torture pour les oreilles, une musique difficilement supportable. Si Fernando Romero a voulu nous faire goûter à l'enfer, c'est réussi. Mais lorsque la musique s'arrête, on se trouve face à un nouveau spectacle, plus théâtral, et ça devient franchement intéressant. Les interventions de Manolo Marin en diable puis en vieille femme sont exquises, révélant un talent interprétatif jusqu'alors inconnu chez le danseur. Fernando Romero quant à lui fait preuve d'une grande virtuosité sur les différentes pièces qu'il interprète. Apparition courte mais remarquée d'Isabel Bayon qui incarne la fille du roi. On est pris dans l'histoire jusqu'à la fin, où l'esprit du mal finit par triompher.

En conclusion une création qui marie intelligemment danse et théâtre, mais qui a divisé le public.

Murielle Timsit
>