Ceux qui étaient au Festival de Jerez il y a deux ans se souviennent forcément de la Compagnie Dospormedio qui avait présenté le spectacle "Flamenco XXI : Ópera, café y puro", pour lequel Rafael Estevez et Nani Paños ont obtenu le prix révélation. Les deux danseurs sont revenus cette année avec une proposition beaucoup plus simple et un peu plus courte, à laquelle a aussi collaboré le danseur Antonio Ruz.

"Sonata est une fantaisie chorégraphique où cohabitent les différentes disciplines de la danse espagnole" précisaient Estevez et Paños la veille de la représentation. Vingt-cinq sonates du Padre Antonio Soler - principal compositeur espagnol du XVIII° siècle - interprétées par le piano d'Edith Peña, et dansées par un groupe de douze danseurs et danseuses parmi lesquels l'artiste invité du spectacle, Ruben Olmo. L'originalité de la création réside dans l'alternance de danses en silence et accompagnées par le piano. Dans une ambiance d'ensayo, le corps de danseurs va piocher dans plusieurs styles de danse - contemporaine, espagnole, flamenca, folklorique - pour rendre dommage à Antonio El Bailarin et Juanjo Linares, diparu le 16 novembre 2009. Beaucoup de trouvailles ponctuent les différentes scènes : image de trois danseuses aux bras entrelacés comme des anneaux ou encore arrivée du groupe de danseurs avec des tous petits pas donnant un effet de lévitation. Côté flamenco, on reconnaîtra des bulerias, fandangos, tangos... L'exécution des danses est d'une remarquable précision. Chaque artiste arrive à tirer son épingle du jeu, que ce soit en duo, en cuadro ou en groupe. Pilier du spectacle, Rafael Estevez qui joue un rôle de maestro est toujours aussi surprenant, poussant à l'extrême la référence aux anciens danseurs.

Plaisir des yeux et des oreilles - une musique splendide - pour cette création étrennée aux Jueves Flamencos de Séville.

Murielle Timsit
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