Olga Pericet

Pisadas

Les spectacles d'Olga Pericet sont régulièrement programmés au Festival de Jerez. La bailaora de Cordoue, madrilène d'adoption, a fait son chemin depuis ses débuts avec Manuel Liñan, Marco Flores et Daniel Doña, et sa danse semble avoir atteint une nouvelle dimension.

C'est dans le silence et en bata de cola qu'Olga débute le spectacle. La bata, Olga est une des rares danseuses d'aujourd'hui à la maîtriser sur le bout des volants, elle la manie avec grâce et agilité, sur une sobre musique por malagueña interprétée par la guitare de Paco Iglesias, avant d'être rejointe par les autres artistes sur les abandolaos que Miguel Lavi, Miguel Ortega et Herminia Borja interprètent por derecho. Le guitariste Victor El Tomate, descendant d'une lignée de tocaores de Cordoue joue une taranta, rejoint par Miguel Ortega por taranto. Olga en combinaison noire et gilet au liseret de lumière, les cheveux lâchés en référence à Carmen Amaya, transmet toute la force de ce palo en dansant avec une puissance phénoménale. Son baile allie tempérament, force et féminité. Sur le taranto - qui durera plus de dix minutes et se terminera par une danse aux accents orientaux - , Olga est Flamenca avec un grand F.

Alors que le spectacle s'était installé dans la tradition, il prend soudainement une toute autre dimension. Du baile flamenco traditionnel, on passe à quelque chose de beaucoup plus conceptuel. Le metteur en scène David Montero en est l'instigateur. Une toile d'araignée descend en fond de scène. Arrive le danseur Juan Carlos Lerida avec des cornes de cerf autour du cou, qui interprète comme il le peut un garrotin tandis que les chanteurs lui lancent du "bicho". Alors qu'Olga Pericet le rejoint, des ustensiles de cuisine en cuivre - casseroles et autres - descendent le long de la toile. Le rythme des castagnettes fait place à un son de plus en plus électro. Mais où est le flamenco ? il revient dans les bulerias de Tasha Gonzalez - qui tient le tablao Las Carboneras à Madrid et fait souvent office de palmera dans les spectacles - puis le romance dansé sans grande conviction par Olga. La scène la plus impressionnante est lorsqu'Olga Pericet se transforme en une vierge inanimée vêtue par Tasha et Herminia d'une jupe carcan et d'une pesante couronne argentée. Mais la vierge se rebelle et finit par se débarrasser de cette entrave. En voyant cette femme qui se libère de ses chaînes, on ne peut s'empêcher de penser à la nouvelle loi sur l'avortement qui vient de passer dans l'indifférence générale en Espagne. Ainsi se termine une proposition originale mais assez inégale et décousue, dont on ne saisit pas bien le fil conducteur.

A noter : Olga Pericet se produira avec son spectacle Rosa Metal Ceniza du 14 au 16 mars au Théâtre Les Gémeaux à Sceaux

Flamenco Culture, le 27/02/2014

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