Samuel Serrano / Joaquin de Sola

Deux jeunes cantaores aux voix d'anciens

© Festival de Jerez/Javier Fergo

Le récital de Samuel Serrano au Palacio Villavicencio le 25 février était l'un de ceux que nous attendions le plus. Après l'avoir entendu dans l'émission "Los Caminos del cante" puis l'avoir vu chanter aux côtés de Paco Cepero sur youtube il y a un an et demie, on pouvait facilement se rendre compte qu'il faudrait compter sur ce jeune cantaor - à peine 16 ans à l'époque - pour conserver l'héritage du cante jondo. Sa voix est impressionnante. Alors que parfois les cantaores peinent à se faire entendre jusqu'au fond de la salle, ce soir-là il n'en était rien.

C'est sous le regard bienveillant de son parrain artistique Paco Cepero que le cantaor de Chipiona - ville ou réside Manuel Agujetas qui est aussi de sa famille - débute son récital. L'introduction du récital por Tonas est mémorable. L'accompagnement de Paco Leon, jeune guitariste de talent d'El Puerto de Santa Maria que l'on avait découvert il y a quelques années lors de l'hommage à son maestro José-Luis Balao, est adapté au cante de Samuel, discret et pas trop mélodique, pour suivre les coupures que réalise Samuel dans les tercios, notamment sur les soleares. Frissons garantis. La voix rauque de Samuel fait aussi des merveilles sur la siguiriya interprétée por derecho, et puis Chicharrito et Tate Nuñez, jusque là assis au fond de la salle, rejoignent Samuel pour des bulerias. Le récital est déjà terminé, on reste un peu sur notre faim évidemment, mais quatre cantes sont bien suffisants pour démontrer la valeur artistique de Samuel. Olé.

Le récital était court car Samuel n'est pas seul à chanter ce soir-là. Il y a un autre jeune cantaor, Joaquin de Sola, de San Fernando - ville d'origine de Camaron de la Isla -, qui vient de sortir un disque, "Principio", choisi comme disque révélation aux prix "Flamenco Hoy", et qui lui aussi est doté d'une voix grave qui remplit bien le Palacio. Plus âgé que Samuel - de sept ans son aîné - , Joaquin, dont le sourire est communicatif, est accompagné par la remarquable guitare de Victor Rosa qui lui offre une splendide introduction sur les malagueñas mais son interprétation est trop puissante sur ce premier cante qui aurait mérité plus de nuances et d'ornementations. La puissance de sa voix lui rend par contre service sur les alegrias, les soleares de Cadiz et les chuflillas qui concluent le récital. Un cante de facture plus classique pour Joaquin, qui n'en est qu'à ses débuts. A suivre.


Flamenco Culture, le 25/02/2015

<< Retour au reportage


EQUIPE ARTISTIQUE:: Cante - Samuel Serrano, Joaquin de Sola
:: Guitare - Paco Leon

© Flamenco-Culture.com 2004-2024. Tous droits réservés - Marque déposée - Contact