David El Galli - Moi de Moron

Histoire d'hommes

Galli

© Festival de Jerez/Javier Fergo

Mercredi c'était le jour des garçons. Dans le magnifique cadre du palais de Villavicencio au coeur de l'Alcazar se produisaient dans l'après midi les jeunes artistes représentatifs du style de Morón de la Frontera : au chant David El Galli et Moi de Morón accompagnés par Paco Iglesias à la guitare.Ils commencent à deux, costumes et cravates sombres, debout derrière leurs chaises a palo seco, David par un pregón, puis Moi enchaîne le Martinete et ainsi tour à tour ils remplissent l'espace sonore de leurs voix profondes et puissantes. On sent le métier du cantaor pa'tras qui leur colle encore à la peau quand ils entonnent la coletilla finale à deux voix. Ces deux là se connaissent bien et s’apprécient. Cette introduction en guise de « temple » va donner le ton général de la prestation : cante jondo point à la ligne.

David El Galli prend possession de la place à côté du tocaor et démarre par des Tarantas bien senties. Son engagement vocal est total, son chant est énergique et plein, il développe les tercios et les soutient avec aisance. Ses Soleares dans le plus pur style d'Alcalá sont très valientes et bien agrémentées par les doigts délicats d'un Paco Iglesias magistral. Ils termine par des Tientos majestueux et son passage en Tangos oxygène l'atmosphère par son interprétation personnelle de la Niña de los Peines. C'est un chanteur « largo » et on sent bien qu'il reste encore du potentiel à exploiter, encore faut-il qu'il entre pleinement dans son rôle de cantaor pa'lante.

Moi de Morón prend alors le relais avec sa voix rugueuse et commence par une Malagueña de Chacón puis celle « del querer » d'El Mellizo qu'il livre avec fougue. Son passage par la Soleá lui permet de développer les nuances de sa voix oscillant entre projections énergiques et subtils chuchotements. C'est le moment où on le sent en pleine possession de ses moyens. Dans la Seguiriya il pousse ses capacités vocales jusqu'à leurs limites pour le plus grand plaisir du public mais il en sort vidé et dans les Bulerías finales qu'il partage avec El Galli on le sent moins présent.

Ils ont tous les deux largement bien relevé le défi du récital de soliste cependant le trac était perceptible et la tension qui en découlait a quelque peu alourdi le moment. Quoi qu'il en soit ces deux grands chanteurs méritent au moins autant de respect que celui qu'ils montrent envers el Cante. Et on ne peut que saluer leur prestation : arte, jondura y entrega.


Dolores Triviño, le 04/03/2014

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EQUIPE ARTISTIQUE:: Cante - David El Galli, Moi de Moron
:: Guitare - Paco Iglesias

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