David El Galli et Curro de Maria

Ferveur et brio sous le platane de la Liberté

El Galli

© Nathalie Goux

Le mardi soir au Festival Semaine Flamenco de Rivesaltes la soirée chant a lieu au cœur du village, sur la place de l'ancienne mairie et, jusqu'à présent, les dieux du Flamenco et de la Météo se sont toujours concertés pour que la veillée soit belle. Tous les artistes passés sous l'auguste feuillage ont laissé un souvenir ému au public attentif bien qu'hétérogène. Chanteurs et guitaristes ont dû conjuguer quelquefois leur art avec dame Tramontane mais tous ont dû invariablement « lidiar », toréer les cloches de la mairie qui, imperturbables, se signalent tous les quarts d'heure jusqu'aux dix derniers coups de la soirée qui marquent l’autorisation pour les riverains de dormir paisiblement. Curro de Maria a été le premier à intégrer dans son jeu le son des cloches, s'accordant dans la tonalité, marquant le compas et allongeant sa falseta pour la terminer avec elles, tel une Cendrillon mélomane. Cette ouverture et adaptation au monde qui l'entoure n'est pas la moindre des qualités de ce guitariste hors pair qui étonne par son jeu lumineux et intelligent en constante progression. Ce soir d'août il avait décidé de se mettre entièrement au service de David Sánchez El Galli, de sertir son chant de ses envolées cristallines et de son soniquete imparable.

Le cantaor de Morón entre dans le vif du sujet par des Pregones y cantes de Trilla puis il enchaîne por Levante par des Tarantas de Fernando de Triana et del Cojo de Málaga. Les falsetas des doigts d'or de Curro pour les Malagueñas y abandolaos qui suivent sont un véritable feu d'artifice et on sent El Galli plus « a gusto » plus serein, donnant sa pleine force mais aussi toute sa douceur pour terminer à l'unisson des cloches.

Les Tientos -Tangos confirment, s'il en était besoin, la richesse de sa gorge et l'étendue de ses nuances interprétatives. Puis viennent les Alegrías, sobres mais intenses. Il annonce « por Soleá » et se promène d'Alcalá à Triana en passant par Los Puertos, évoquant la Andonda de sa voix puissante et douloureuse. Le climax est atteint, le terrain est désormais propice aux Fandangos les plus sentis qu'il va finir sans micro sous les ovations du public.

Les deux artistes semblent presque s'excuser de l'accueil chaleureux qui leur est fait, la modestie étant l'apanage des grands. La soirée se termine par un rassemblement sur scène de tous les artistes et professeurs du festival pour un « fin de fiesta » mémorable : une stagiaire d'à peine dix ans crée la surprise en s'invitant pour une « pata de bulería » digne d'une professionnelle. C'est cela la magie du flamenco !


Dolores Triviño, le 20/08/2016

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David El Galli

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