La Biennale de flamenco de Séville résiste à la crise

Entre coupes budgétaires et augmentation de la TVA, Séville célèbre la 17ème édition de la biennale de Flamenco avec plus de 70 spectacles dont 22 créations et la moitié du budget 2010.

Manuela Carrasco

Du 3 au 30 septembre la capitale andalouse devient la vitrine mondiale de l'art flamenco. Mais depuis la dernière édition, de 2010, la crise économique qui sévit en Espagne s' est invitée aux festivités. Rajouter à cela une nouvelle direction artistique due aux dernières élections et vous avez une Biennale affectée par les coupes budgétaires et à la recherche d'une nouvelle identité.

Les socialistes andalous en place à la mairie de Séville depuis 30 ans ont cédé leur place au Parti Populaire. Le nouveau maire, Ignacio Zoido a ainsi nommé une nouvelle direction à la Biennale: Rosalia Gomez, ancienne journaliste du Diario de Séville, (le quotidien de Séville) remplace son prédécesseur Domingo Gonzalez. La nouvelle directrice du festival hérite d'un évènement international certes, mais avec seulement la moitié du budget alloué les années précédentes. « Cette année nous avons un budget de 1.150.000 euros et lors de l'édition 2010 il était de plus de 2 millions » déclare Rosalia Gomez à notre correspondante. « Une biennale en pleine crise économique est une biennale avec moins de ressources mais avec toujours le même objectif », poursuit-elle « celui de maintenir une projection internationale et de donner à voir au monde ce qui se fait dans le flamenco d'aujourd'hui. (…) Bien sûr cette année il manque les grands artistes comme Paco de Lucia ou Miguel Poveda mais il y a tout de même des artistes de qualité ».

Pas de Paco de Lucia et pas de grand gala d'inauguration non plus, comme ce fut le cas de l'ouverture de la 16ème biennale de Flameno. En septembre 2010, souvenons-nous, le chanteur d'origine catalane Miguel Poveda était chargé de l'inauguration de la Biennale dans les mythiques arènes de la Maestranza. « Il faut savoir qu'avec un gala d'inauguration comme celui de la précédente édition on peut faire dix spectacles » commente Rosalia Gomez. Cette année la programmatrice a donc fait appel à Manuela Cararsco pour l'inauguration. La danseuse sévillane a ouvert le bal avec le spectacle « Raices de Ebano » (Racines d'ébène) dans le patio du Real Alcazar de Séville. Le monument historique est un espace plus réduit et mis à disposition gratuitement par la mairie.

L'autre handicap de cette édition 2012 selon la directrice de la Biennale c'est l'augmentation de 18 à 21% de la TVA, rentrée en vigueur le 1er septembre « Cela représente pour nous une perte de milliers d'euros sur tous les contrats d'artistes, les locations de matériels et les factures des prestataires de service ». Elle insiste cependant « ll n'y a pas de TVA sur le prix des entrées et ce sont donc les mêmes tarifs que lors de la dernière édition ».

MOINS D'ARGENT, MOINS DE MOYENS, MAIS TOUJOURS AUTANT D'ATTRAIT

La Biennale en septembre reste une attraction touristique et culturelle pour la ville de Séville. Même s'il est encore trop tôt pour parler des chiffres, les écoles de flamenco du centre ville affichent des cours complets. Les élèves venus du monde entier et surtout du Japon, viennent participer à l'évènement, voir les spectacles et profitent de leur séjour pour prendre des cours avec des Maestros tels que Joaquin Grilo, Esperanza Fernandez ou José Valencia. Quand aux artistes, ceux qui ont la chance de travailler durant la biennale comme le populaire Bobote, percussionniste et danseur, se disent plutôt satisfaits : « je ne peux pas me plaindre cette année je travaille dans sept spectacles et étant donné la situation je suis un privilégié ».

Ceux qui n'ont pas cette chance se débrouillent comme ils peuvent. Pour la première fois cette année des artistes de la taille de Lole Montoya, Inés Bacan ou El Lebrijano proposent des cours de chant flamenco dans le Off de la Biennale. « Il faut bien se débrouiller » commente ironiquement El Lebrijano .

Depuis sa création en 1979, la Biennale de flamenco a toujours montré tous types de projets et toutes types de tendance. Cette année elle continue en proposant chaque semaine une programmation qui équilibre les propositions artistiques avant gardistes comme le spectacle Tuetano de Andrés Marin, ou le flamenco « de raiz », entendons, un flamenco plus traditionnel comme La Farruca ou Pansequito. A noter, cette année l'hommage rendu au chanteur de flamenco Camaron de la Isla pour le 20ème anniversaire de sa mort qui se célèbrera le 12 septembre prochain avec la participation des chanteurs Duquende, La Susi, Remedios Amaya, Diego Carrasco, Arcangel, Raimundo Amador, Diego del Morao et Paquete.

Page officielle de la Biennale de Flamenco de Séville : labienal.com


Nadia Messaoudi, le 08/09/2012


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