Rocío Molina

Le flamenco est une nécessité pour moi

Dans le cadre du festival Paris Quartier d’Eté, à l’issue de son concert Rocío Molina est revenue sur son spectacle Oro Viejo.


Quelle est l’origine de ce spectacle ? Comment vois-tu l’évolution de ce spectacle ?

Ce spectacle a été présenté pour la Biennale de Séville en 2008. Il a changé au fil du temps ; la compagnie a changé ; les scènes ont été adaptées ; l’esprit aussi a évolué.

Qu’avais-tu en tête lorsqu’il a été créé ?

J’avais le sentiment d’une accélération de mon horloge interne, que le temps que j’avais vécu avait passé trop vite. C’est une réflexion sur la rapidité du temps qui passe.

Tu es jeune et tu fais référence aux anciens, à l’age ; pourquoi ?

Les personnes âgées sont invisibles dans la société et la société ne les prend pas en compte. C’est comme un or que l’on sali. On n’imagine pas la lumière intérieure, la valeur qu’ils ont. C'est quand l’or est poli qu’apparaît sa valeur. C’est aussi cela le thème de ce spectacle, une vision sur les gens que j’ai découverts autour de moi et pas seulement sur le temps qui passe.

Tu intègres dans ta danse beaucoup d’éléments contemporains ; comment vois-tu cela ?

Rocío Molina : Ce n’est pas pour moi de la danse contemporaine, déjà parce que je ne l’ai pas étudiée et je ne souhaite pas mettre un qualificatif sur ce que je fais. Je mets des éléments dont j’ai besoin à un moment donné, ce qui me passe par la tête en fonction de mes nécessités personnelles.

Par opposition, il y a beaucoup de référence au passé ; pourquoi ?

Musicalement « Oro viejo » repose sur l’atmosphère des années 40-50. C’est pour cela qu’il y a de la musique. A l’époque, il n’y avait pas de télévision, et c’était à la radio ou dans les bars que l’on écoutait de la musique. Les gens écoutaient des fandangos, des chansons comme María de la O, des coplas des chants d’Ida y vuelta. Des chanteurs comme Pepe Marchena avaient beaucoup de succès. L’influence latino-américaine était forte. Toute cette atmosphère et ces éléments sont présents dans le spectacle.

Quel regard portes-tu sur le flamenco actuel ?

Selon moi, le Flamenco vit un moment révolutionnaire et est très vivant. Il évolue très rapidement ; la technique s’améliore aussi. Il est comme une fontaine intarissable ; mais il a besoin aussi de se ressourcer dans le minéral fort de la tradition. Quand je crée une danse, un Taranto par exemple, je me réfère à ceux qui l’ont dansé pour la première fois et j’essaye de comprendre ce qu’ils ont voulu faire ou dire ; puis j’apporte ce que je ressens.

Comment perçois-tu les relations entre artistes, sur la scène ?

La scène représente un moment particulier. Bien sur il y a les répétitions ; on y travaille la technique ; on fait des essais ; des liens se nouent entre artistes pour bâtir le spectacle. Mais sur scène, c’est autre chose, tu es dans l’interconnexion. Il faut que chacun des membres du groupe se donne l’un à l’autre ; c’est une concentration d’énergies. Il y a des jours où cela fonctionne très bien, d’autres moins.

Que t’a apporté le Flamenco ?

Le Flamenco est une nécessité pour moi. Il n’y a pas d’explication. Je mourrais si ne pouvais pas danser sur une musique ou un chant. Le flamenco m’est venu naturellement. Je danse depuis que j’ai trois ans. Rien ne m’a inspiré et rien ne m’a conduit au flamenco. Il n’y a pas de mot pour décrire cela peut-être une expression : « Se daba por echo » (c’était écrit).


Philippe Dedryver, le 31/07/2010

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