Tomatito

Luz de guía

Teatro de la Maestranza - 20h30

Je me réjouissais depuis quelques semaines en fêtant l'année de guitare flamenca que j'avais vécue. En quelques mois j'ai pu couvrir Cañizares, Vicente Amigo et Paco de Lucía. Et maintenant j'avais l'occasion de couvrir Tomatito. Mais comme ce qui est arrivé le soir de Farruquito, la déception fut de taille. Je prends comme comparaison le bailaor sévillan, car à l'intar de Farruquito que nous n'avons pas vu danser dans "Sonerías", Tomatito hier nous ne l'avons pas entendu jouer. De nouveau je dois prévenir que ce n'est pas une critique sur la maestria du guitariste. Je ne mets pas en doute sa valeur ni son expérience, mais se présenter à la Biennale comme il l'a fait hier est un mauvais choix.

Il commença a tres por cuatro en maintenant le ton flamenco, sans virages "modernes", très bien accompagné par son groupe et sans tomber dans la précipitation. Il nous immergea immédiatemment dans la partie la plus réussie de la soirée avec ce "Love Theme" qu'il interprétait en duo avec Michel camilo dans "Two Much" et a repris plus tard dans "Spain". Seulement deux guitares et une basse pour hypnotiser l'auditoire. Il fut aussi fantastique por bulerías, piochant des falsetas à droite et à gauche, n'enorgueillissant d'un grand travail de groupe au niveau des cortes, bordant le tout de façon colossale. Ensuite un autre titre de "Spain", "Para Troilo y Salgán" sous forme de tango argentin, pour celui qui écrit le meilleur moment de la soirée, et la fin du concert "palante" du guitariste.

A partir de ce moment la présence de la guitare fut décroissante. Pour commencer Tomatito exécuta des bulerías avec des références à la prodigieuse collaboration qu'il eut avec Paco de Lucía dans "Cositas Buenas", plus préoccupé par le cante que par le besoin de s'exposer au public. Il joua ensuite des tangos pour le cante, avec un nouveau cambio por bulerías et l'obligatoire hommage à Camarón. Por rumbas il essaya des airs de bossanova, où le plus marquant fut le fabuleux travail des percussions avec un grand solo final. Tomatito se dilua au milieu des musiciens pour finir par n'être un composant de plus du groupe.

La soleá por bulería promettait quelque chose de différent, mais la présence de José Maya fit disparaître tout espoir d'amener la soirée vers un domaine où la guitare serait plus présente. La chose se transforma en un pot-pourri dans lequel il passa des soleás por bulerías aux tangos, des tangos aux bulerías et des bulerías à un remate final a compás de siguiriyas. Exactement le même numéro que Maya avait réalisé la semaine précédente dans "Grito", le spectacle qu'il présentait avec Alfonso Losa au Teatro Central. Même numéro et avec le même résultat, des sauts, des tours, des coups et frappes de pieds à mille à l'heure. De baile nous avons eu une pincée dans la première letra et ensuite ce ne fut que du bruit. De Tomatito nous n'avons pratiquement rien entendu de tout le baile.

Tomatito decida de présenter son fils José Fernandez et lui laissa la place pour interpréter quelques rondeñas qui au dessert furent le moment le plus orthodoxe du concert. Le geste qui je suis suppose pour quelques uns fut apprécié à moi me parut une course à l'échec. Le garçon qui affichait de grands airs se vit largement dépassé par la situation, mais Tomatito loin de résoudre la situation, envoya son groupe pour que le jeune homme de nouveau figure centrale interprète des bulerías. Presque vingt minutes sans le protagoniste du spectacle sur scène. Après la fin de fiesta à laquelle le petit-fils du guitariste participa aussi en dansant, une partie du public commença à s'en aller. Cependant, le guitariste revint sur scène pour jouer por bulerías. Point final.

Le bilan est sans aucun doute négatif. Parmi les points positifs on peut mentionner le fait de savoir maintenir la flamencura à tout moment, la façon extraordinaire d'attaquer les cordes graves, et des cambios d'alzapua a picado phénoménaux por bulerías.

Les erreurs occupent une liste beaucoup plus longue. Tomatito expédia le récital comme si c'était une cérémonie de fiançailles, en présentant trois moments marquants et une durée de toque pour cante et baile qui dépasse de beaucoup le tolérable dans un événement comme la Biennale, étant donné qui il est. Bien que sachant que nous nous trouvons devant un tocaor plus fluide dans les toques festeros, nous n'avons pas vu la plus petite intention d'offrir quelque chose de plus élaboré. Cinq bulerías, des tangos, une rumba, une ballade et un tango argentin. Un bilan pas du tout équilibré. Laisser son fils seul sur scène durant vingt minutes comme figure centrale d'un spectacle pour lequel le public a payé une entrée est de mon point de vue un manque de respect. Et accorder sa guitare pendant une minute et demie entre chaque thème ça peut se permettre si ça arrive une ou deux fois. Le faire durant tout le spectacle à chaque changement de morceau dépasse l'entendement.

La déception que j'ai ressentie à la fin du spectacle est dûe à la profonde admiration que j'ai pour le guitariste. Tomatito sera toujours associé dans mon esprit à Camarón de la Isla et Paco de Lucía, il sera toujours un des premiers visages auxquels je pense quand je parle de flamenco. Qu'hier il ait présenté une proposition aussi pauvre, qui plus est au Théâtre de la Maestranza, durant une Biennale dont il est l'un des principaux protagonistes m'a pris par surprise, je dois l'avouer. J'espérais plus de Tomatito, car je sais de source sûre qu'il est capable d'offrir beaucoup plus que ce qu'il nous a offert hier.


Javier Prieto, le 25/09/2010

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Equipe artistique

Guitare: Tomatito
Seconde guitare: Cristobal Santiago
Cante: Simón Román, Morenito de Illora, Antonio Inguëta
Baile: José Maya
Palmas: José et "El Pescao"
Percusion: Lucky Losada


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