Concha Jareño

Algo

Teatro Central - 23h

Depuis l'accompagnement jusqu'aux qualités physiques du baile, beaucoup de choses ont changé dans cet "Algo" que j'ai eu la chance de voir il y a un an et demie au Festival de Jerez. Concha Jareño avait alors reçu le prix révélation du festival attribué par la presse, et ce soir elle a confirmé qu'un tel prix était parfaitement justifié.

Le spectacle se compose de quatre parties distinces, non seulement pour des raisons dramaturgiques, maia aussi parce que chaque pièce est créée à un moment distinct avec une finalité différente.

La première partie a comme titre "Fugaz" et décrit la douleur de la perte d'un être cher. Ainsi, avec des cloches de douleur et un cortège funéraire qui veille une bata de cola, Concha se voit contrainte à travers le baile à une réclusion forcée qui l'oblige à avancer ligotée. Depuis le plafond tombe un voile blanc qui, accroché à la ceinture de la bailaora l'oblige à tourner en diagonale. En fond sonore, compás de siguiriyas avec percussion electroniques et moments absoluments baroques sortant du clavecin. Contrastes entre la danse classique, la contemporaine et la flamenca, avec la madrilène s'emmêlant dans le tissu. Le niveau de précision de chaque cierre, chaque pas, a encore augmenté depuis la dernière fois que le spectacle a été présenté. La scène comporte un niveau de complexité très élevé, la bailaora s'expose seule tant au public qu'à ses démons intérieurs.

Dans la partie centrale du spectacle, la transition de violon et voix nous amène à l'autre grande protagoniste de la soirée, Gema Caballero. La cantaora donne les clés musicales pour articuler une milonga que Concha danse avec bata de cola et éventail. Ce baile qui lui a valu le prix national de flamenco de Cordoba il y a trois ans est un délice absolu. Juan Antonio Suárez Cano se positionne ensuite au centre de la scène pour offrir un toque d'avant-garde dans un solo guitaristique si long qu'il finit par épuiser le public. La partie intitulée "Inventario Flamenco" nous offre en plus de la milonga des rondeñas avec un fond de lumière orange qui agrandi la robe de la même couleur que porte la danseuse, une ronda de tonás et trillas qui sublime la figure de Gema Caballero, immense, qui donne lieu à la sobre siguiriya en noir dans laquelle Concha montra sa maîtrise du flamenco orthodoxe, dansant avec un cuadro brillant.

La pièce finale intitulée "Algo", commence avec des alegrias de tablao et une Concha qui, enfermée dans les chaînes de la tradition, décide de les briser et marcher sur une imaginaire corde raide. La rupture et la recherche comme moteur de la danse. Las nanas de Gema donnent naissance à de nouvelles couleurs et de nouvelles façons de danser. Une libération finale.

"Algo" est un oeuvre achevée, précise, qui fonctionne seule. La qualité physique de Concha s'est enrichie et la présence de Gema Caballero est un atout qui apporte une lumière nouvelle au spectacle. Concha termine la représentation libérée. Elle nous montre le pourquoi de son baile, se défait de son enfer intérieur, des charges affectives et de l'enfermement. Elle termine en revendiquant sa façon de s'exprimer, libre.


Javier Prieto, le 28/09/2010

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Equipe artistique

Baile: Concha Jareño
Toque: Juan Antonio Suárez Cano
Cante: Gema Caballero, Pedro Obregón
Violon: Raúl Márquez
Percussion: Luis Amador


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