Belén López

La bailaora catalane divise le public

Même si l'applaudimètre a atteint des sommets hier soir au Théâtre de Nîmes, le bilan du spectacle de la jeune danseuse Belén López est plutôt mitigé.

Nous sommes face à une bailaora/bailarina qui a toutes les qualités pour devenir une figure du flamenco - plastique irréprochable, tempérament explosif, solides bases techniques, sens du rythme... - mais qui semble s'être égarée dans la proposition inégale qu'elle a amenée au Festival de Nîmes. En effet, le format du spectacle a moins convaincu que celui bien différent présenté à Jerez en mars 2010. Construire un nouveau spectacle pour l'occasion était un choix à double tranchant, et le fait est que la création a divisé le public.

Pourtant, la soirée avait plutôt bien commencé, par une siguiriya/martinete de feu avec laquelle Belén López donna le ton. Les transitions furent à la charge des cantaores et musiciens qui interprétèrent des morceaux pleins de swing. Le second baile de Belén López por solea fut sans doute le plus réussi, le cante de Saul Quiros apportant une intensité supplémentaire à ce palo à la tension dramatique déjà élevée. Majestueuse, Belén López démontra sur ce baile toute sa force expressive et son savoir faire au niveau du zapateado.

Les accords aux couleurs minières de Carlos Maldonado emmenèrent ensuite les spectateurs du côté d'Almeria. Et c'est après ce moment que le spectacle s'éloigna du flamenco. Le bolero mielleux "Cuando pienso en ti" dansé par Belén López après les tarantas de Almeria ne convainquit pas vraiment malgré la qualité de sa danse - notamment les vueltas dont elle n'abusa pas outre-mesure - et jeta un léger froid dans l'atmosphère, que les bulerias des cantaores réussirent cependant à réchauffer rapidement. C'est por alegrias comme à Mont-de-Marsan que la bailaora décida de conclure sa première apparition en terre nîmoise, avec plus ou moins de réussite. Le silencio et l'escobilla furent très courts et le long remate por buleria qui suivit avec un vocabulaire chorégraphique peu varié finit par lasser une partie des spectateurs. Après la fin de fiesta, du jamais vu à un spectacle de flamenco : Belén López se pencha au bord de la scène non pas pour recevoir des fleurs mais pour signer des autographes à des petites filles.

Carton rouge pour le travail de lumière car les visages des chanteurs et musiciens furent plongés dans la pénombre durant pratiquement toute la soirée.

Belén López a peut-être voulu créer un spectacle spécialement pour le public nîmois, mais elle aurait sans doute dû privilégier la simplicité, pour être plus en phase avec ce qu'elle est dans la vie.

Belén López nous expliquera dans son interview à paraître prochainement la signification du bolero plutôt controversé qu'elle danse en milieu de spectacle.


Flamenco Culture, le 18/01/2011

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Equipe artistique

Baile: Belén López
Cante: Saúl Quirós, David de Jacoba
Violon: Fernando Garcia
Guitare: Carlos de Jacoba et Carlos Gimenez
Percussions: Rafael Jiménez "El Chispa"


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