Dorantes et Esperanza Fernandez

Des coeurs et des cordes qui vibrent à l'unisson

Dorantes et Esperanza Fernandez

La relation entre David Peña "Dorantes" et le festival Arte Flamenco est très forte. En effet, c'est à Mont-de-Marsan que l'artiste a présenté sa première oeuvre en 1996. Ce concert a été fondamental dans sa carrière puisqu'il lui a ensuite ouvert les portes de la Biennale où il reçoit une très bonne critique. Dès lors tout s'enchaîne très rapidement et quinze ans après, Dorantes est devenu le grand artiste que l'on connaît.

Le concept du concert intitulé "piano flamenco session" est l'improvisation, et Dorantes se lance avec entrain dans un premier morceau aux influences jazzy très marquées, offrant un festival de gammes.

La deuxième pièce, la très jolie Guajira "Regazos" qui figurera sur le prochain album de Dorantes "Sin Muros", fait souffler un vent d'insouciance dans le Café Cantante avant la solennité du cante por Malagueñas d'Esperanza Fernandez que La cantaora conclut par des Cantes Abandolaos interprétés avec talent, en particulier la jabera.

Suivent des Bulerias où les percussions de Tete Peña et la contrebasse de Yelsy Heredia s'expriment pleinement. Dorantes reste dans le registre festif avec des Alegrias de Cadiz et Cordoba interprétées par Esperanza.

Un tonnerre d'applaudissements salue les premières notes d'Orobroy, qui signifie "Esprit" en calo, le dialecte gitan. Cette musique ne peut que toucher la personne qui l'écoute, et comme déjà écrit dans un précédent article, elle est tout simplement magique. Dorantes l'a composée à la suite d'une fête à Lebrija qui avait lieu dans la maison du cantaor "El Lebrijano", oncle de Dorantes. A cette fête étaient présents Fernanda et Bernarda de Utrera et beaucoup de cantaores, sa grand-mère et son grand-père, La Perrata et El Perrate, Pedro Bacan... et c'est donc au petit matin en rentrant chez lui que Dorantes a composé Orobroy, pour exprimer toute l'émotion que cette réunion familiale avait provoquée en lui.

L'émotion continue avec "Caravana De Los Zincalí" de l'album "Sur", un magnifique thème dédié au peuple nomade qui rappelle un peu la bande originale du film Amélie Poulain. L'orchestration très originale laisse le "chant" libre à Esperanza Fernandez qui interprète quelques vers de Siguiriya. Après les Bulerias "La Danza de las Sombras" et "Semblanzas De Un Río", c'est les yeux plein de larmes qu'Esperanza terminera le concert en interprétant le "Gelem Gelem", l'hymne international des gitans, comme elle l'avait fait l'an dernier à la Caracolá Lebrijana.

Au final un concert exceptionnel et d'une rare authenticité, avec un seul regret : les deux artistes n'ont pas interprété le très beau Di, Di, Ana qui figure sur l'album "Sur" de Dorantes, composé à l'origine par le père de Dorantes, Pedro Peña.

On attend avec impatience la sortie du prochain album de Dorantes en préparation depuis plusieurs années, "Sin Muros", présenté en direct à la dernière Biennale de Séville.


Flamenco Culture, le 08/07/2011

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