Festival Flamenco de Nîmes 2024

L'équilibre retrouvé

Après une première semaine réussie grâce notamment à la présence de bailaoras confirmées comme Olga Pericet, Maria Moreno ou Lucia La Piñona et le vif succès d’Israel Fernandez et Diego del Morao, la deuxième semaine du Festival Flamenco de Nîmes s’annonçait passionnante, avec un programme dense de neuf spectacles sur les cinq derniers jours, contre huit l’an dernier. Il faut dire que l’une des artistes invitée à participer à ce grand rendez-vous par le conseiller artistique Chema Blanco, a eu le privilège de se produire deux fois au Festival cette année. De mémoire de festival, c’est une situation inédite, et un défi que la bailaora sévillane Paula Comitre a relevé avec brio, offrant au public deux pièces foncièrement différentes, l’une à l’Odéon, l’autre au Théâtre Bernadette Lafont.

Festival Flamenco de Nîmes

Paula Comitre prend son envol et double la mise

La première pièce intitulée « Après vous, Madame » est un hommage à une figure du baile qui a longtemps vécu dans la capitale française, Antonia Mercé « La Argentina », baptisée ainsi car, bien de que née de parents espagnols, elle a vécu les premières années de sa vie en Argentine. C’est d’ailleurs lors d’une résidence à l’Académie des Beaux-Arts de Paris et la rencontre avec le pianiste Orlando Bass que l’idée du spectacle est née.

Nous avions découvert Paula Comitre au sein de la compagnie David Coria. Sur scène, elle sortait déjà du lot. Son évolution en tant que soliste n’est donc pas une surprise. Sa création est une mine de grâce et d’inventivité, tant au niveau de la mise en scène, soignée, que de la musique et du baile, techniquement et esthétiquement impeccables. On la retrouve ainsi dans une tenue de couleur sang imaginée par Maria Alcaide, à la matière synthétique pour le moins insolite, celle que l’on trouve dans les doudounes brillantes des adolescents, alternativement gonflée par une soufflerie et aplatie, dansant le visage drapé dans ce même tissu ou les mains imbriquées. On reconnait par moments des postures empruntées à La Argentina.

Un des passages marquants de la création est le duo de percussions entre la danseuse et le pianiste. La Argentina était connue comme « La reine des castagnettes », mais point d’accessoire pour Paula Comitre, qui laisse au pianiste Orlando Bass le soin d’exécuter les percussions avec son piano, les doigts de la danseuse se contentant de mimer l’effleurement des castagnettes. On retiendra aussi la scène de la mue, où, reliée à un long cordon, Paula finit par s’affranchir de ce carcan de cola pour retrouver la liberté, telle une chenille devenant chrysalide, prête à s’envoler vers d’autres cieux, comme pour symboliser aussi, la vie trop brève de la Argentina, disparue à 46 ans. Pour finir, Paula régale le public, déjà majoritairement conquis, d’un joli chant por farruca.

Lors des salutations, Paula Comitre a tenu à faire monter sur scène toute l'équipe ayant travaillé sur ce très beau spectacle dont le format gagnerait toutefois à être un peu raccourci.

Paula Comitre

Le lendemain le public nîmois a découvert Paula Comitre dans une proposition très différente et plus ancienne (création 2020 pour la Biennale de Séville) aux côtés de la danseuse contemporaine Lorena Nogal (qui s'est parfaitement approprié l'univers des autres artistes) : « Alegorías, el limite y sus mapas », qui fait référence à l’Allégorie de la Caverne du philosophe Platon.

Le rideau s’ouvre sur un drap blanc posé au sol sous lequel on devine le corps des danseuses, qui formera par la suite un rideau en fond de scène. On ne rentrera pas ici dans des considérations philosophiques, mais l’ambiance visuelle et sonore du spectacle et le timbre profond de Perrate, por cantes de fragua plongent d’emblée le public dans une atmosphère souterraine, les deux danseuses en flamencas avec leurs éventails aux bruits d’insecte, formant avec leurs corps repliés une inquiétante arachnide géante.

Les moments forts à retenir sont incontestablement les tangos précédés de cantes d’ida y vuelta, notamment une milonga rythmée, interprétés par Paula Comitre devant la scène musicale mobile avec tout le groupe durant lesquels la complicité était maximale. La petenera avec bata de cola de la sévillane en duo avec Perrate est exceptionnelle. Les duos entre les deux danseuses demeureront également des passages marquants du spectacle.

Encore une fois un savant mélange entre tradition et modernité mais aussi entre deux disciplines qui finissent par se fondre l’une dans l’autre. Les deux danseuses deviennent siamoises dans l’une des dernières scènes où elles sont reliées par une unique bata de cola.

Soulignons aussi le formidable travail de percussions de Rafael Heredia et la fine guitare de Juan Campallo qui interprète les compositions délicates de Jesus Torres, sans oublier, bien sûr, la voix presque mystique de Perrate qui à la fin du spectacle se répond et se répand en écho à travers la salle, comme dans une caverne.

Le public était debout pour ovationner les artistes. Il semblerait que le spectacle ait même dépassé celui de David Coria à l'applaudimètre.

A l’issue de la représentation, les aficionados eurent l’opportunité de rencontrer les artistes à la Bodega Macarena où avait aussi lieu une soirée sévillane, ce qui permit d'en savoir plus sur la genèse du spectacle. Cela fut aussi l’occasion pour Perrate de remercier la directrice du Festival, Amélie Casasole, et son conseiller artistique, Chema Blanco, et de souligner qu’il avait grandi dans des festivals comme Nîmes et Mont-de-Marsan, la France étant un terrain privilégié pour permettre aux artistes flamenco d’exprimer leur créativité et de sortir du carcan du flamenco traditionnel.

Paula Comitre

David Coria confirme

Habitué du festival, David Coria avait présenté l'an dernier le « Work in Progress » du spectacle de sa compagnie "Los Bailes Robados" à l’Odéon, une pièce originale basée sur un fait historique troublant, une épidémie de danse survenue en 1518 à Strasbourg, sorte de "fièvre danseuse" qui provoqua une danse frénétique des habitants jour et nuit durant une dizaine de jours. La première version de cette création issue d'une résidence au Théâtre de Nîmes avait été très bien accueillie par le public.

La version finale de « Los Bailes Robados », présentée pour la première fois cet été au Festival de Danza Italica à Santiponce près de Séville est très aboutie. Elle a littéralement conquis le public nîmois, subjugué par cette nouvelle mouture à la mise en scène très recherchée, aux danseurs et danseuses parfaitement placés et coordonnés, et puis par la « guinda del pastel » (cerise sur le gâteau), la présence du formidable cantaor de Jerez David Lagos à l’amplitude vocale phénoménale, qui faisait déjà partie de l’aventure "Fandango", et qui a apporté une touche de tradition non négligeable, contrebalançant avec équilibre ce tableau résolument contemporain, à l'instar de ce qu'avait fait Tomas de Perrate l'an dernier avec Ana Morales.

Comme indiqué auparavant, la mise en scène est très travaillée et soignée, notamment la pluie de bâtons du plus bel effet tombant du haut de la scène, qui donne un visuel global esthétiquement très réussi. La belle présence de l'excellent musicien d’Utrera Juan Jimenez (saxophone) apporte aussi une touche d’originalité. Isidora O’ Ryan est moins présente que l’an dernier, mais toute aussi percutante avec sa voix divine qui nous transporte dans un autre temps, ou son violoncelle dont la pique grinçante dessine un cercle sur la scène. A des pièces sombres por siguiriya ou taranto, se mêlent des passages plus humoristiques comme celui de sevillanas corraleras où les danseuses font face à un groupe de cantaores mené par David Lagos. La coordination est exceptionnelle dans cette équipe ou personne, pas même David Coria, ne se distingue réellement. Chacun trouve sa place, son espace, de façon très équilibrée. On retiendra par exemple les interventions de la bailaora franco-andalouse Aitana Rousseau, ou encore les fabuleux portés entre David Coria et Florencia Oz, les moments culminants du spectacle étant orchestrés par les duos entre les deux David, magistraux, dans des alegrias de Cordoba ou des cantes abandolaos. Une belle cohésion entre les artistes qui on le voit, se prolonge bien au-delà de la scène.

Le public était debout pour applaudir les artistes. A noter que l'idée originale est de Daniel Muñoz Pantiga, ex co-directeur de Flamenco-World devenu par la suite Global Flamenco, et qui a déjà été à l'origine d'autres créations de David Coria comme « Fandango ».

Los bailes robados

Stéphanie Fuster, Jesús Corbacho et El Choro font rire l’Odéon

Le retour d’artistes français au Festival flamenco de Nîmes était très attendu. Cela fait en effet quelques années qu’ils sont écartés de la programmation officielle alors que le festival a montré à plusieurs reprises par le passé l’existence d’un vivier d’artistes talentueux dans la région. Après la nîmoise Eva Luisa le dimanche 14 janvier au Musée de la Romanité, c’était au tour de la toulousaine Stéphanie Fuster de se produire à l’Odéon le jeudi 18 janvier, avec un spectacle « Gradiva, celle qui marche » pour le moins original. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu cette talentueuse artiste. On se souvient de « Qu’est-ce que tu deviens », un seul en scène qu’elle avait présenté Au Théâtre des Amandiers à Nanterre il y a quelques années. Une pièce déjà très personnelle dans laquelle elle racontait sa vie d’artiste.

Le point commun entre les deux spectacles est que c’est un seul en scène qui parle d’elle, et que la mise en scène a été confiée à une personnalité de la mise en scène. Après Aurélien Bory, elle s’est adjoint l’œil de la polyvalente Fanny de Chaillé. La comparaison s’arrête là. Car « Gradiva » est un spectacle beaucoup plus joyeux, où la parole a une place à part entière, puisque la danseuse commence par s’adresser au public pour lui expliquer sa « dé-marche ». Un moment passionnant et très apprécié, peut-être moins de nos confrères ibériques qui n’avaient pas les sous-titres. Le reste du spectacle n’en avait pas besoin, puisque la gestuelle et le jeu de comédienne de Stéphanie suffisait à comprendre. Il y avait du répondant dans le public, ce que l’artiste sut gérer sans se déconcentrer. Stéphanie Fuster croqua les travers des personnalités andalouses de façon burlesque, avec un jeu d’actrice extraordinaire, dans une démesure digne d’une héroïne de film d’Almodovar, c’est vraiment très bien vu. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas autant ri à l’Odéon, sans doute depuis Franito.

Merci à Stéphanie Fuster pour ce spectacle frais et original qui nous a permis de découvrir une histoire, un humour et des qualités théâtrales indéniables qui viennent compléter sa solide formation de baile flamenco, acquise auprès de grands maestros tels qu’Israel Galvan, à l’adresse de qui on a deviné quelques clins d’œil dans certaines postures.

Stéphanie Fuster

Deux jours plus tard, embarquement immédiat pour Huelva avec Jesús Corbacho et Antonio Molina « El Choro ». C’est toujours un plaisir de voir l’évolution d’artistes que nous avons connus très jeunes. Nous les avions tous les deux découverts à la Maison des cultures du Monde à Paris dans le cadre du Festival « Larachí Flamenca » organisé par la regrettée Sharon Sapienza, l’un en 2007 (Jesús avait alors tout juste vingt ans), l’autre en 2009 (Choro en avait à peine 24), et suivons depuis, de près ou de loin, leur brillant parcours.

C’est donc au tour de ces deux paisanos qui se connaissent bien, élevés au pan con tomate, aceite y jamon, de faire rire l’auditoire, dans une francachela (traduisez par fiesta, bombance ou encore bringue), des plus complice. Tels deux gamins espiègles, les deux artistes se mettent en scène sur une journée complète, du petit déjeuner au dîner, effluves de pain grillé et mosquitos compris, évoquant avec nostalgie leurs souvenirs d’enfance dans leur belle région de Huelva aux plages de sable blanc qu’ils versent le long du bord de scène. Les deux artistes savent tout faire : cante, guitare et cajon pour Jesús, qui esquisse aussi quelques pas de baile, et baile et cajon pour El Choro. Il se suffisent à eux-mêmes et embringuent le public avec eux dès le petit-déjeuner dans des fandangos de Huelva a palo seco interprétés autour d’une table andalouse. Cette table servira de fil rouge à toute la représentation. Le spectacle se poursuit avec une solea por buleria en duo, chant/guitare et baile, puis une magistrale solea interprétée au chant et à la guitare par Jesus Corbacho dont le cante est plus mélodieux que jamais. Les élégantes interventions d’El Choro au baile sont saluées par le public qui en redemande. L'ultime duo por martinete / siguiriya qui fait la part belle au zapateado d'El Choro et au cante de Jesús, laisse ensuite la place à des palos plus festifs por bulerias, tangos et cantiñas.

La musique de fin, très bien choisie, finit d'emporter l'adhésion du public, et vu le nombre de toasts portés par les deux artistes, on pourrait presque rebaptiser le spectacle "Trincachela" ;). Un très beau début de soirée pour ce dernier jour de festival.

Jesus Corbacho et El Choro

Jesús Méndez et Ismael de la Rosa chantent por derecho

Jesús Méndez est un habitué du Festival Flamenco de Nîmes. On l’avait vu en 2011 avec Moraito et Diego del Morao, il était revenu dans le très beau « Très » de Belen Maya, et en 2019 avec Dani de Moron. Malgré des soucis vocaux l’ayant éloigné des scènes, le cantaor a retrouvé toute sa puissance, et c’est le Jesús Méndez de toujours, celui capable de remplir sans micro la plaza de toros de Jerez qui a mené, accompagné de la guitare de Pepe del Morao, un récital dans la plus pure tradition : zambra, cantiñas, malagueñas, tientos-tangos, soleares, siguiriyas dédiées à Moraito (et falsetas de ce dernier reprises par Pepe del Morao), bulerias et fandangos. Un récital des plus classiques, sans fioriture, le cante tel qu’on l’aime, avec une mention spéciale pour les malagueñas, la solea et les fandangos. Les gitans des environs étaient venus bien sûr écouter leur primo. Parmi eux, de la famille du cantaor basée en PACA. A l’issue de la représentation, le cantaor a patiemment dédicacé deux de ses albums et posé pour des photos avec de nombreux aficionados.

Jesus Mendez

Après la puissance, la nuance. Le jeune cantaor sévillan Ismael de la Rosa "El Bola", découvert quelques années plus tôt à Nîmes aux côtés de Maria Moreno, est un cantaor en pleine ascension. Attention, ne pas confondre ce Ismael avec Ismael Fernandez, cantaor qui accompagnait Maria Pages et qui était le premier à porter ce surnom.

Son concert acoustique à l’auditorium du Musée de la Romanité, accompagné par Yerai Cortés, était bien entendu complet, et seule une poignée de spectateurs privilégiée a pu assister à ce récital rare, qui a permis au jeune cantaor d’exprimer toute une palette de nuances vocales à travers des soleares de Triana, cantes de ida y vuelta (guajira), cantes de fragua et siguiriyas, fandangos, cantes de Levante, un clin d’œil à Lole et Manuel avec « Todo es de color », des letras de romance/bulerias de Lebrija au compas de tangos, et des cantiñas (dont une romera). Le rappel donnera lieu a un ultime cante, avec le bien connu bolero « Un compromiso ».

En résumé, un récital exquis, que l’absence de sonorisation n’a fait que magnifier, qui a aussi mis en valeur le toque tout en finesse et dextérité de Yerai Cortes, le jeune guitariste d’Alicante qui accompagnait l’an dernier Rocio Molina dans le 3ème volet de sa trilogie autour de la guitare. Ces deux-là se sont bien trouvés. La nouvelle génération est arrivée, mais conserve la tradition, et ce vent de fraîcheur est bienvenu !

Ismael de la Rosa
© photo Sandy Korzekwa

Patricia Guerrero revient avec une proposition audacieuse

Le public était debout pour applaudir la compagnie de celle qui est désormais une habituée du festival, la danseuse de Grenade Patricia Guerrero. Malgré une équipe hors-pair et un énorme travail de mise en scène et d'éclairages, Deliranza est cependant le spectacle que j'ai trouvé le moins touchant de cette deuxième semaine. Le fait que les musiciens étaient partiellement dissimulés par un voile et surélevés en fond de scène n'est peut-être pas étranger à ce ressenti. C'est un travers que l'on a déjà vu dans d'autres spectacles et qui est en général mal perçu. Mais il fallait de la place sur scène pour permettre à la bailaora et ses formidables danseurs (Fernando Jimenez et Angel Farina, entre autres) et danseuses (belle présence de Maise Marquez) de développer leurs chorégraphies.

Deliranza

Le sextet de Gerardo Nuñez signe un final grandiose

La 34ème édition du Festival Flamenco de Nîmes s'est terminée en apothéose avec un généreux récital de guitare orchestré par un sextet mené par le guitariste de Jerez Gerardo Nuñez.

Pour fêter ses 45 ans sur scène, le tocaor a choisi un format qui n'est pas sans rappeler le sextet hommage à Paco de Lucia "Un año sin Paco" présenté au Festival de Jerez en 2015, dans lequel figurait déjà José Quevedo "Bolita".

Gerardo Nuñez Sextet

Le maestro Gerardo Nuñez, originaire de Jerez de la frontera mais basé depuis longtemps à Sanlucar de Barrameda, a ouvert le concert par un magnifique solo, avant d’inviter à le rejoindre sur scène le plus jeune guitariste de la soirée, un tocaor de Grenade dénommé Alvaro Martinete, "un appellido muy flamenco". Après un duo por tanguillos, Gerardo laisse la place au talentueux tocaor qui se lance dans une splendide guajira. Une belle découverte. Suite au deuxième morceau, Gerardo appelle le lebrijano Rycardo Moreno à le rejoindre sur scène pour une pièce un peu « jazzy », avant de le laisser s’exprimer por bulerias. Il remercie le festival qu’il qualifie de festival très important pour l’art flamenco et dédie le thème suivant à Chema Blanco avant d’accueillir José Quevedo « Bolita » avec qui il partage une complicité évidente. Le solo de siguiriya de Bolita met en évidence un phénoménal jeu d’arprèges. A noter la qualité des transitions, l’arrivée de son paisano se faisant sur la fin du morceau.

Après des jolies bulerias dédiées à José Maria Velazquez Gaztelu (que nous n’avons pas eu la chance de croiser cette année), une llamada sous forme d’accord appelle la surprise de la soirée. En effet, il y avait six artistes sur scène ce soir-là, comme les six cordes d’une guitare, mais pas toujours ceux que l’on attendait ! Car les inconditionnels de Jesús Guerrero, dont je fais partie (son sublime album « Calma » tourne en boucle depuis sa présentation en 2016 à la Biennale de Séville) avaient bien noté sa présence dans le programme. Ce fut donc une énorme déception d’apprendre la veille du concert son absence du sextet de Gerardo en raison de ses engagements avec Miguel Poveda, dont il est le tocaor officiel. Mais contre toute attente, cette absence fut largement compensée par la présence magnétique d’un remplaçant de choix en la personne de Jerónimo Maya, ancien enfant prodige de la guitare flamenca bien trop rare en France, que je voyais donc pour la première fois en vivo. Prestance et élégance tant dans le jeu que dans l’attitude, le Che gitano de Caño Roto fit un carton, les yeux souvent levés vers le ciel, comme pour se connecter avec ce frère parti bien trop tôt, celui avec qui il avait l’habitude de partager los escenarios.

Gerardo Nuñez Sextet

Place ensuite à une jolie solea de Salvador Gutierrez qui semblait avoir un problème de réglage car il lança quelques regards agacés vers le côté gauche de la scène, mais hormis un volume sonore un peu élevé, rien à signaler.

Les artistes ont ensuite joué tous ensemble durant de longues minutes pour un énorme « bœuf flamenco ». Au final un concert généreux de près de deux heures très apprécié qui s’est terminé par quelques sympathiques pataitas por bulerias.

Gerardo Nuñez Sextet
© photo Sandy Korzekwa

Gerardo Nuñez Sextet

Pour conclure, un bon cru pour la 34ème édition. Le changement de direction du Théâtre (Amélie Casasole a remplacé François Noël à l’issue du précédent festival), a marqué quelques changements comme la prise de parole de celle-ci pour annoncer certains spectacles devant la scène, mais globalement, le festival suit sa ligne directrice avec le conseiller artistique Chema Blanco, déjà en train de concocter le programme de la 35ème édition du festival. Cette année le in et le off se sont complétés à merveille. Le off est de plus en plus étoffé et a comblé certaines carences dans les activités parallèles, comme les conférences du midi qui étaient un rendez-vous incontournable du festival et que nous espérons retrouver l’an prochain.

Il faut aussi saluer la qualité des spectacles proposés, chapeau bas aux équipes techniques pour l'excellente qualité de la sonorisation et des éclairages.

Remerciements aux artistes et à toute l’équipe du Théâtre de Nîmes sans qui ce festival ne serait pas ce qu’il est, un grand rendez-vous flamenco. A l’année prochaine pour les 35 ans, si Dios quiere.


Flamenco Culture, le 30/01/2023

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